Avant de le trouver par hasard dans une librairie de Thiés j’avoue n’avoir jamais lu auparavant ce témoignage accablant. Cette lacune étant comblée, parlons en un peu.
C’est en 1928 que André Gide publia « Voyage au Congo » et « Retour du Tchad ». Œuvre d’écrivain qui dénonce les abus du système colonial à la manière impressionniste, par petites touches successives ce qui n’enlève évidemment rien à la vigueur de la dénonciation.
L’ouvrage d’Albert Londres paru en mars 1929 est un travail d’enquêteur, un grand cri de colère et de honte comme seul un reporter de son talent pouvait le faire. Ce livre souleva de très violentes polémiques dans les arcanes du pouvoir parisien et la presse coloniale se déchaîna contre son auteur à tel point que le gouverneur général de l’AOF (Afrique Occidentale Française) jugea opportun d’organiser un « voyage de presse » en envoyant douze journalistes et autant de parlementaires pour tenter de contrer les effets désastreux dans l’opinion publique du récit d’Albert Londres. Vingt quatre personnes en Afrique (je doute qu’ils aient empruntés les transports en commun) au frais du contribuable français pour tenter d’expliquer l’inexplicable, d’excuser l’inexcusable !
Il est bon voire urgent de recommander à nouveau la re-lecture de « Terre d’ébène ».
Entendons nous bien, l’ouvrage n’a pas besoin de ce blog pour sa promotion. Cependant à l’heure où un discours insidieux, rampant, pervers, sournoisement négationniste tente de réhabiliter la période coloniale et ses bienfaits, il n’est pas inutile de rappeler que quelques hommes courageux se sont élevés en leur temps contre cette aberration de l’esprit, contraire à la plus élémentaire humanité : l’asservissement d’un groupe d’humains par un autre.
Les colons n’auraient jamais pu exister sans la volonté de leur pays d’origine, en l’occurrence la France, terre des lumières et des droits de l’homme, et ce n’est pas minimiser leurs exactions que de dire qu’ils ne furent pas les seuls responsables.
Retenons cette phrase d’Albert Londres en préliminaire à son livre :
« Quand votre ampoule électrique s’éteint dans votre chambre, vous ne vous en prenez pas à l’ampoule, mais au secteur.
Le secteur des colonies française, c’est la France ».