« Jadis, le singe et la cigogne étaient de grands amis. Un jour, le singe invita la cigogne à déjeuner. Il prépara une purée de maïs qu’il servit dans des assiettes plates.
Pendant que le singe se régalait en puisant à deux mains dans son assiette, la cigogne grignotait la bouillie avec son long bec, ne parvenant pas à avaler une seule bouchée.
Quelque temps après, la cigogne rendit la politesse au singe. Elle prépara une soupe de poissons qu’elle versa dans de hautes cruches au goulot effilé. Elle introduisit son long bec dans la cruche et but tranquillement la soupe.
Le pauvre singe tournait autour de sa cruche, ne sachant pas quel bout la prendre. Il finit par la renverser, et c’en fut fait de son repas.
Depuis ce temps, la cigogne et le singe ne sont plus amis. »
Cela ne vous rappelle rien ?
Qui de Jean de la Fontaine ou du griot africain a pensé le premier cette fable ?
La question est moins anodine qu’il n’y parait car que ce soit l’un ou l’autre qui ait copié l’un ou l’autre comment auraient ils eu dans ce cas connaissance de la création de l’autre quand tant de choses les séparaient : la distance d’abord mais aussi la culture, la tradition…
Ou alors, autre hypothèse, personne n’a copié personne. Ces deux contes sont nés de l’imagination d’hommes, mais comme on m’a toujours appris que nous étions, nous français quelque chose qui ressemble au centre du monde, je suis troublé.
Pas vous ?
Ainsi donc aussi loin de nous « on » aurait été capable d’imaginer un conte aussi pertinent ?
Notons également que dans le conte africain, il n’y a pas de morale imposée, chacun est libre d’en tirer celle qui lui convient, lui semble la bonne.
Une preuve de plus de l’ouverture d’esprit de nos amis et de leur très intelligente modestie.