Je suis allé l'autre jour au Musée des Lettres et Manuscrits boulevard Saint-Germain voir une exposition sur Romain Gary. J'avoue mal connaître l'écrivain à défaut d'avoir admiré adolescent et de manière un peu superficielle, l'homme, l'aviateur, le diplomate, l'aventurier, le séducteur... Pour commencer à palier cette carence sur l'écrivain je me suis acheté "Les racines du ciel".
Magnifique roman, le premier grand roman "écologique" (je mets "écologique" entre guillemets, car en 1956, le terme était inusité, voire incompris) ai-je lu et constaté. L'histoire se passe en Afrique Equatoriale Française (AEF, nous sommes avant les indépendances) et Gary y prend entre autre la défense des grands animaux de la savane allégrement massacrés par les blancs. Parmi ceux-ci, l'éléphant qui malgré l'interdiction continue à disparaître. Au début du XXème siècle on évaluait cette population à deux millions. Aujourd'hui on l'estime à 350 000.
Court extrait sur ce sujet.
« La viande ! C’était l’aspiration la plus ancienne, la plus réelle, et la plus universelle de l’humanité. Il pensa à Morel et à ses éléphants et sourit amèrement. Pour l’homme blanc, l’éléphant avait été pendant longtemps uniquement de l’ivoire et pour l’homme noir, il était uniquement de la viande, la plus abondante quantité de viande qu’un coup heureux de sagaie empoisonnée pût lui procurer. L’idée de la « beauté » de l’éléphant, de la « noblesse » de l’éléphant, c’était une notion d’homme rassasié… »