Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Dominique Baumont

  • : Le blog de Dominique BAUMONT
  • : UN ESPACE D'AFRIQUE ET D'HUMANITE, D'EXPERIENCES VECUES, UN ESPACE DE PARTAGE ET D'ECHANGE.
  • Contact

L' Auteur

  • Dominique BAUMONT
  • Quelques chroniques et quelques photos de quelques missions en Afrique.

VOLONTAIRE DE SOLIDARITE INTERNATIONALE.

2005–2007 en CENTRAFRIQUE.

2008–2010 au SENEGAL.

2012-2014 en 
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO.
  • Quelques chroniques et quelques photos de quelques missions en Afrique. VOLONTAIRE DE SOLIDARITE INTERNATIONALE. 2005–2007 en CENTRAFRIQUE. 2008–2010 au SENEGAL. 2012-2014 en REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO.

Copyright

Recherche

Un voyage se fait toujours trois fois...

Une première en rêve, en imagination,

au ras des cartes.

Une deuxième le long des routes,

dans des bus rapiécés,

dans des gares en attente

d’hypothétiques trains,

dans des hôtels douteux ou des jardins radieux.

Enfin une troisième et interminable en souvenir,

dans la présence d’instants

qui vous constituent désormais

et que rien n’y personne ne peut effacer.

Elisabeth FOCH - Journaliste française - Prix Nadal 1990 

matin à Kikwit 2

 Matin à Kikwit. Bandundu. RDC

 

Archives

Une incitation au voyage. En chanson

La promesse d'une expérience de

Volontariat Solidaire réussie.

 

Musique de Zaz "On ira"

Vidéo de Ion Eminescu

Chargé de communication à la DCC

L'IVRE D'AFRIQUE

Copie (3) de la place du souvenir 1

voyager c'est...

...aller à la rencontre de la poussière savoureuse

des hommes.

Georges Scheade - Poète libanais

bonnes-Ouaka.jpg

db.jpg

au revoir les amis

Copie de entre-Kemb--et-Bangassou

calvaire 1

Kimbala 16

scène de rue

Catégories

EN PAYS PYGMEE - CENTRAFRIQUE

NGOUMA

famille-pygm-e

pygmées à Manasao

A MEDITER

enfant et vautour

Il y a pire que

le bruit des bottes, 

il y a le silence des pantoufles.

Max Frisch 

SENEGAL - 2010

regard du Sénégal 1-copie-1

enfants pointe sarène

regard du Sénégal-copie-1

regard du Sénégal 2

6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 07:32

 

A quelques lunes du départ pour une autre mission en Afrique j’avais envie de partager à nouveau cet article écrit quand je me trouvais en Centrafrique, partager un état d’esprit, un état, tout court. C'était ausssi mon premier contact avec l'Afrique noire.


Juillet 2006

MESSAGERS DE LA PAIX

 

Curieux état que le mien depuis quelques mois où mon imaginaire d’enfant rejoint la réalité de mon quotidien d’adulte. Il se bouscule pêle-mêle dans ma tête les images fortes de mes lectures passées, dont mon grand-père paternel fut le guide éclairé et attentif.
Les images d’un Savorgnan de Brazza par exemple, au Congo, grand explorateur, grand
humaniste, remarquable administrateur. Celles de Charles de Foucault sous d’autres latitudes, d’Albert Schweitzer, de Livingstone. Celle d’Albert Londres, visitant le chantier du Chemin de Fer Congo Océan (CFCO) et qui, devant l’hécatombe des ouvriers y travaillant, fit ce constat : « Une traverse, un mort ! ». André Gide dans Voyage au Congo : « Désormais une immense plainte m’habite, je sais des choses dont je ne puis pas prendre mon parti. »

Et il y a les autres, ceux dont les noms ne sont pas parvenus jusqu’aux écoles européennes.

Les premiers missionnaires parcourant les vastes contrées inconnues de l’Afrique centrale, affrontant avec détermination les maladies, les animaux, les populations tour à tour accueillantes, méfiantes ou hostiles devant cet inconnu : l’homme blanc. Maniant avec la même énergie la truelle et le goupillon, un fusil toujours à portée de mains, rachetant de jeunes esclaves pour les scolariser, dispensant avec sagesse les bases de la morale chrétienne et l’enseignement des droits de l’homme, leurs épopées ont nourri ma réflexion d’homme.

De me savoir sur cette même terre que ces hommes illustres, cette terre qui a sans doute vu naître l’humanité, me remplit d’émotion et, curieusement, d’importance et d’humilité. J’ai donc foulé les mêmes sols ?, je me suis rafraîchi aux mêmes pluies ?, brûlé aux mêmes soleils, que ces grands témoins et acteurs d’une histoire pathétique et grandiose ?

Comme les  autres Volontaires de Solidarité Internationale à travers le monde, j’ai un rôle à jouer dans mon pays de mission qui dépasse le cadre de notre stricte intervention technique. Retenons alors de ces personnages considérables qu’ils furent aussi des messagers de la paix, car c’est bien de cela dont il s’agit.

La construction de la paix n’est pas une petite affaire, nous sommes tous concernés. Pas de loin. De près, de très près. Sans prospérité économique, il n’y a pas de paix possible. En RCA, elle n’existe pas. Sans démocratie, pas de paix possible. En RCA, elle est balbutiante. Sans justice, pas de paix possible. En RCA, elle se cherche. Sans respect des droits de l’homme, pas de paix possible. En RCA, beaucoup reste à faire, même si nous savons tous que la République Centrafricaine n’est pas un cas isolé de la communauté internationale, surtout si sur ces sujets elle se trouve en fin de rame.

La paix n’est pas la préservation frileuse de ses acquis, évoquée au cours d’une conversation de salon. Elle ne s’obtiendra que dans l’action de tous et par la volonté de tous. Et on voudra bien me pardonner ce rapprochement hardi : la paix est un combat. Au quotidien.

piste RCA

Centrafrique 

 

 

Partager cet article
Repost0
3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 12:00

 

 

beautés africaines

photo internet

 

 

 

Partager cet article
Repost0
3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 08:18

 

Délicat euphémisme effectivement que de dire que l'Union africaine "semble" être sous tutelle de l'Occident !

Elle l'est en fait quasiment entièrement  mais cet article est intéressant à lire. 

Extrait de l'interview de Henriette Ekwe à ;

 

logo 

Henriette Ekwe : «L’Union africaine semble être sous tutelle de l’Occident»

Le 8 mars 2011, à l'occasion de la Journée de la femme, la journaliste camerounaise Henriette Ekwe a reçu à Washington le prix du Courage féminin 2011, décerné par le département d'Etat américain. Quel bilan tirer de l'année 2011 ? Est-ce une année exceptionnelle ?Au micro de Christophe Boisbouvier sur RFI, elle donne son point de vue, depuis Douala sur cette année vraiment pas comme les autres.

Henriette Ekwe, journaliste camerounaise -  26/12/2011 - par Christophe Boisbouvier -  Écouter (05:33)


RFI : Est-ce que l’année 2011 restera dans l’histoire ?

 

Henriette Ekwe : Tout à fait. Pour moi oui, parce que nous avons eu les révolutions arabes qui ont montré que des peuples déterminés peuvent venir à bout des dictatures, même quand ces dictatures semblent soutenues par les grandes puissances occidentales. La deuxième chose, ce sont les bombardements en Côte d’Ivoire et en Libye où la solution politique n’était pas du tout acceptée par l’Occident et ce qui s’en est suivi. Et la troisième chose, ce sont ces oppositions qui sont allées récemment aux élections et qui ont appelé au secours la communauté internationale pour plus d’équité, pour la transparence. Je pense par exemple à l’opposition au Gabon qui n’a pas pu obtenir cet arbitrage-là et donc on a l’impression qu’il y a deux poids, deux mesures. L’Afrique est un peu désemparée face aux positions de l’Occident.

 RFI : Quelle est l’image la plus forte que vous garderez de cette année ?

H. E. : Mon prix, qui m’a beaucoup impressionnée bien sûr (rires).

 

RFI : Le Prix du courage féminin que vous avez reçu à Washington des mains d’Hillary Clinton, la secrétaire d’Etat américaine ?

 

H. E. : Tout à fait. Et puis, évidemment ces femmes africaines qui ont eu le Prix Nobel de la paix, avec ceci de particulier que ce prix est plus souvent décerné à ceux qui ont la culture anglo-saxonne plutôt qu’aux francophones. Le Prix Nobel en Afrique revient le plus souvent à des hommes politiques ou à des personnalités africaines, mais plutôt de culture anglo-saxonne comme Desmond Tutu, Nelson Mandela, Kofi Annan, Wangari Maathai et aujourd’hui Ellen Johnson Sirleaf… et d’autres. C’est peut-être une particularité du Nobel.

 

RFI : Quelles sont les images qui vous ont choqué cette année ?

 

H. E. : La mort de Mouammar Kadhafi [ex-leader libyen, ndlr] bien sûr. La façon dont il a été traîné et exécuté sous l’œil d’un vidéaste amateur. Et puis, peut-être pas le transfert de Laurent Gbagbo [ancien président de Côte d’Ivoire, ndlr] à la Cour pénale internationale (CPI), mais la façon dont on l’a sorti de son bunker.

 

RFI : Mais certains disent que ces deux hommes l’ont cherché ?

 

H. E. : (rires). Je ne sais pas s’ils l’ont cherché parce que Kadhafi, je sais qu’il tenait la dragée haute à l’Occident. Mais les émissaires de l’Union africaine (UA) avaient proposé une sortie politique du conflit qui l’opposait à Benghazi. Et je pense qu’on aurait pu débarquer Kadhafi sans ces bombardements. Tout ça pour ça.

 

RFI : Et Laurent Gbagbo, est-ce qu’il ne l’a pas un petit peu cherché lui aussi ?

 

H. E. : A partir du moment où il a proposé le recomptage des voix, il ne l’a pas obtenu et puis je ne suis pas sûre que les droits de l’homme soient plus respectés sous Alassane Ouattara depuis qu’il est au pouvoir. Mais la façon dont lui et sa femme ont été traités, ce sont des images quand même qui touchent un peu les Africains et qui font penser que le panafricanisme est plus que jamais à l’ordre du jour, une réelle unité à l’Union africaine. Or l’Union africaine semble être sous tutelle et subir un peu ce que veut l’Occident. C’est dommage.

 

RFI : À un moment cette année, au vu des évènements au Cameroun, au Burkina Faso, on a cru que le vent du printemps arabe pouvait souffler jusqu’en Afrique subsaharienne. Et puis non, rien n’a changé. Est-ce que le « printemps arabe » a un effet chez vous ou pas du tout ?

 

H. E. : Ca a un effet. Lorsqu’on discute avec les gens, il y a un effet. Les gens se demandent dans la rue quand une telle étincelle pourrait avoir lieu. Le « printemps arabe » a de l’effet chez les intellectuels, chez les classes moyennes et chez les jeunes aussi, qui subissent un chômage massif. Maintenant, pratiquement, tout le monde a le câble, dans les villes notamment, et les jeunes regardent et suivent ce qui se passe là-bas avec beaucoup d’attention et d’intérêt. C’est certain.

 

RFI : Vous parliez du Gabon et du Cameroun. On pourrait aussi parler du Congo-Kinshasa ou du Congo-Brazzaville. Pourquoi y a-t-il alternance dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest et pas dans les pays d’Afrique centrale ?

 

H. E. : Les pays d’Afrique centrale sont très riches. Les pays de la Cemac [Commission de la communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale, ndlr], le golfe de Guinée, c’est un petit conglomérat d’émirats. Donc, les chefs d’Etat des pays du golfe de Guinée sont très riches et ils ont une capacité de corruption extraordinaire. S’ils font en sorte que les oppositions sont souvent glissantes, on ne sait pas très bien, on est ferme un moment et après on lorgne du côté du pouvoir. Donc, il y a une capacité de corruption assez importante. Il y a aussi le fait qu’en tant que réservoir de matières premières, ces pays sont souvent protégés par les pays occidentaux, les pays amis, les Etats-Unis pour un pays comme la Guinée équatoriale, la France pour le Gabon, le Cameroun et les autres. Et compte tenu de cela, même la répression dans ces pays n’aura pas le même retentissement qu’ailleurs. Je me souviens qu’en février 2008, il y a eu une répression féroce des marches des jeunes, mais on n’en a pas beaucoup parlé ! Par contre, au mois de septembre 2009 lorsque Moussa Dadis Camara fusille à peu près 150 personnes dans un stade à Conakry, tout de suite ça prend de l’ampleur. Le procureur de la Cour pénale internationale descend à Conakry etc… Mais dans les pays du Golfe de Guinée où il y a une répression constante, on n’a pas l’impression que cette répression a le même effet sur les pays amis, les pays occidentaux.

 

RFI : Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a jugé que la présidentielle d’octobre dernier dans votre pays, le Cameroun, était « acceptable ». Qu’en pensez-vous ?

 

H. E. : Là, il nous a choqués. Il faut se souvenir qu’Alain Juppé a été à l’époque du RPR délégué au congrès fondateur du RDPC [Rassemblement démocratique du peuple camerounais, ndlr] en 1985 à Bamenda. Il a des amis au Cameroun. Le fait de dire que c’était « acceptable » pour les Camerounais, c’était une insulte. C’était comme dire qu’on peut avoir une démocratie à deux vitesses et la nôtre serait la deuxième vitesse.

africa

 

 

Partager cet article
Repost0
2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 07:40

 

viasage du sage - Sall

C'est la graine d'arachide qui tue l' arachide


Celui qui parle ignore que celui qui écoute est malin


Depuis quand le soleil est-il tombé pour que ceux d’un même village ne se reconnaissent pas


Grâce aux haricots le cailloux sera bien huilé


L'oeil du curieux est creux


La tige a beau séjourné dans l'eau , elle ne deviendra jamais caïman


Le beurre se repose, mais il n'est pas mort


Ne te laisse pas lécher par qui peux t'avaler


Pour arriver à la source, il faut nager contre le courant.


Une parole vient avec d'autres paroles

viasage du sage - Sall

le sage du village - Sall - Sénégal oriental

 

 

Partager cet article
Repost0
31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 07:09

 

bonne année

Ma colombe, cachée au creux des rochers,

en des retraites escarpées,

montre moi ton visage,

fais moi entendre ta voix ;

car ta voix est douce

et charmant ton visage.

 

LE CANTIQUE DES CANTIQUES

Deuxième poème

 

Partager cet article
Repost0
30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 07:56

 

Lu pour vous dans :

slate afrique


La sexualité noire est un mythe

l'auteur :

Slate Afrique

Est-il possible de faire l’impasse sur l’impact des valeurs morales imposées par la colonisation, lorsque l’on aborde le sujet des pratiques sexuelles en Afrique?

Pour les 60 contributeurs et plus d’African sexualities: A Reader, la réponse est oui. Publiée en juin 2011, cette compilation d’essais et de poèmes tente de théoriser la sexualité en Afrique en allant «au-delà des stéréotypes occidentaux», commente le site Think Africa Press (TAP) dans un article paru le 11 juillet 2011.

Ces stéréotypes s’illustrent entre autres par l’idée selon laquelle les noirs auraient une sexualité débridée, une fable «née dans l’esprit des colonisateurs blancs», érigée d’autorité en «connaissance scientifique au XIXe siècle».

Dans African sexualities, des universitaires diversifient les perspectives. Une démarche novatrice qui leur permet de sortir des clichés racialistes, estime TAP. Les comportements sexuels en Afrique sont alors dépeints sous des aspects tels que la masculinité au Ghana, le célibat au Swaziland, la criminalisation de l’homosexualité, ou encore l’inégalité entre hommes et femmes.

Toutefois, comme le rappelle l’éditrice de l’ouvrage Sylvia Tamale, il est difficile d’ignorer que la colonisation a laissé des traces dans les pratiques. Féministe, cette chercheuse est doyenne de la faculté de Droit de l’université Makarere à Kampala, la capitale ougandaise:

«Les méthodes coloniales de recherche et de théorisation mises en place pour aborder la sexualité en Afrique ont laissé des traces considérables et indélébiles dans la vie sexuelle des gens, explique-t-elle dans la préface du livre. Ce qui ne veut pas dire que le continent est otage de son histoire coloniale.»

A l'époque, plusieurs facteurs ont imposé des modes de comportement, comme si les mœurs préexistantes étaient inférieures. La notion de pudeur est arrivée par exemple avec la chrétienté et l’islam. Les missionnaires ont également introduit la notion de retenue dans l’acte sexuel.

En somme, l’objectif de Sylvia Tamale est de décomplexer les recherches sur la sexualité face à ces racines coloniales, tout en évitant de reproduire le même type de généralités sur les rapports sexuels en Afrique.

 


Lire aussi sur ce sujet:

Lu sur Think Africa Press, The Nordic Africa Institute

carte-afrique

Partager cet article
Repost0
29 décembre 2011 4 29 /12 /décembre /2011 08:01

 

"A quoi sert de voyager si tu t'emmènes avec toi ?

C'est d’âme qu'il faut changer, non de climat."
(Sénèque)

 


 

‎"En route, le mieux c'est de se perdre. Lorsqu'on s'égare, les projets font place aux surprises et c'est alors, mais alors seulement, que le voyage commence."
(Nicolas Bouvier)

 


 

 "Pour bien aimer un pays il faut le manger, le boire et l’entendre chanter."
(Michel Déon)

  

 

Copie de coucher de soleil du phare des Mamelles

coucher de soleil vu du phare des mamelles - Dakar 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
27 décembre 2011 2 27 /12 /décembre /2011 15:24

 

Ce n’est certes pas la première fois que je relaie un article sur cette hydre nauséabonde qu’est la françafrique et je comprends que l’on puisse s’en lasser. Cependant elle est toujours plus présente que jamais, plus nauséabonde que jamais et je ne compte m’arrêter d’en parler que le jour ou elle aura disparu du paysage politique français pour s’inscrire dans les poubelles obscures de l’histoire de France.

 

Lu pour vous dans:

slate afrique


Denis Sassou Nguesso 


Giscard et Bokassa


 Chirac et les autres

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


La Françafrique n’est pas un astre mort

Le scandale des biens mal acquis revient dans l'actualité à la veille de la présidentielle française. Thomas Hofnung analyse pour Slate Afrique les ramifications de ce système françafricain. Deuxième partie de l'interview.

 

L'AUTEUR

Pierre Cherruau 

Slate Afrique - Pourquoi avoir décidé de consacrer maintenant un ouvrage au scandale des biens mal acquis ?

Thomas Hofnung - En réalité, ce livre [co écrit avec Xavier Harel. Le scandale des biens mal acquis. Enquête sur les milliards volés de la Françafrique. La Découverte, Paris, 2011] est le produit de deux ans de travail. Nous avons commencé nos recherches en 2009, deux ans environ après le dépôt de la première plainte sur les biens mal acquis à Paris. Depuis, l’affaire a prospéré. A la suite d’une longue bataille judiciaire, la Cour de cassation —la plus haute instance française— a estimé qu’il y avait matière à instruire les conditions dans lesquelles des dirigeants étrangers ont acquis un patrimoine immobilier conséquent dans l’Hexagone. C’est une première et cela fera sans doute jurisprudence. A mon avis, nous ne sommes qu’au tout début de l’affaire, qui pourrait réserver des surprises, notamment sur les complicités françaises dans ces détournements de fonds publics.

 

SlateAfrique - Les biens de chefs d’Etat africains en France, cela n’a rien de nouveau. Comment expliquer le dépôt d’une plainte à ce sujet? Pourquoi maintenant?

TH - Effectivement, c’était un secret de Polichinelle. Et c’est d’ailleurs tout le mérite des deux membres du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD) —Jean Merkaert et Antoine Dulin— d’avoir décidé, en 2006, de rassembler tout ce qui était connu (et épars) sur ce sujet, et d’en avoir fait un rapport. Puis l’ONG Sherpa, dirigée par l’avocat William Bourdon, a pris le relais pour donner une suite judiciaire à cette affaire. A travers cette affaire, ce qui est en jeu —et qui ne concerne pas que l’Afrique— c’est la lutte contre l’impunité en matière de bonne gouvernance et de corruption. Le moment où intervient cette enquête sur les BMA s’explique, selon moi, par un long processus de prise de conscience des dérives de certaines élites politiques, mais aussi financières, à l’échelle de la planète. Elle illustre le poids grandissant de la société civile qui, en recourant à l’arme judiciaire, parvient à changer l’Histoire. Après l’humanitaire, elles ont investi un autre champ, celui de la finance et de la lutte contre la corruption. Sherpa et Transparency International sont emblématiques de ce combat.

 

SlateAfrique - Quel est l’objectif des ONG qui ont déposé une plainte?

T.H - Elles veulent faire prendre conscience aux opinions publiques de l’ampleur des détournements de fonds, du mal développement qui en résulte dans certains pays et de la complicité qui est la nôtre dans cette dérive dont pâtissent des populations pauvres. On peut appeler cela de l’ingérence, mais on peut aussi y voir —même si l’expression paraît un peu désuète— une forme de solidarité entre les peuples.

SlateAfrique - Si la France n’accueille plus ces «investissements», le problème ne va-t-il pas tout simplement se déplacer? A savoir que d’autres pays vont prendre le relais.

T.H - C’est déjà probablement le cas au moment où nous parlons. Les potentats, qu’ils soient africains ou autres, placent désormais leurs fonds hors d’une Europe devenue trop risquée pour eux, car trop regardante. D’après des sources concordantes, ils se tournent vers la Chine (Hong Kong) mais aussi le Proche Orient ou le Golfe, avec Dubaï, où ils sont plus tranquilles. On peut certes dire que l’action sur les BMA en France ne fait que déplacer le problème. Mais disons qu’elle a déjà réussi à perturber des circuits traditionnels. Et à mettre le problème sur la table au niveau international.

 

SlateAfrique - Votre ouvrage parle tout particulièrement du Congo-Brazzaville, de la Guinée équatoriale et du Gabon. Le scandale des biens mal acquis est-il plus grave dans ces pays. Ou est-ce juste que nous sommes davantage informés sur ce qui s’y passe?

T.H. - Nous nous sommes concentrés sur ces trois pays pour une raison simple: il s’agit de ceux qui sont concernés par la plainte sur les BMA déposée et jugée recevable en France. Il est évident qu’il y en a bien d’autres. Ils sont d’ailleurs pointés dans les rapports du CCFD sur la corruption. Mais nous avions déjà fort à faire à décrypter ces trois cas précis: ce dont leurs dirigeants sont soupçonnés, quels circuits empruntent les fonds, les complicités à l’étranger, etc. Disons qu’il s’agit d’un sujet d’avenir, et que d’autres travaux ne manqueront pas d’émerger sur nombre de pays qui n’ont rien à envier au Gabon, au Congo-Brazzaville ou à la Guinée équatoriale. Il faudrait notamment s’intéresser aux monarchies du Golfe et aux oligarques russes.

 

SlateAfrique - Quel est le rôle de la France?

T.H - C’est l’un des aspects, me semble-t-il, les plus importants du livre: dans l’affaire des BMA, il ne s’agit pas de pointer un doigt accusateur sur les seuls dirigeants africains. Les fonds qui sont détournés transitent par des banques françaises, notamment par la Banque de France. Les achats immobiliers ont lieu avec l’intervention d’avocats, de notaires, de conseillers. Les juges ont d’ores et déjà effectué des perquisitions chez certains d’entre eux et saisi des documents.

Le rôle ou l’implication de la France, c’est aussi le silence des politiques sur ces pratiques, qui s’explique par plusieurs facteurs: pour maintenir de bonnes relations diplomatiques et stratégiques, mais aussi du fait de relations inavouables, d’ordre financier. C’est un autre secret de Polichinelle: Omar Bongo, notamment, était très généreux avec une large frange de la classe politique tricolore. Y compris, d’après le témoignage d’un de ses anciens conseillers que nous citons dans notre livre —Mike Jocktane—, avec Nicolas Sarkozy.

 

SlateAfrique - Favorise-t-elle ce phénomène? Ou joue-t-elle le même rôle que les autres grandes puissances?

T.H - Il y a un particularisme français lié à son histoire: la colonisation —qui a lié notre pays avec d’autres sur le continent africain— et la décolonisation «à la française» —une volonté de maintenir son influence et de garder des liens forts avec ses anciens «protégés». C’est ce qu’on a appelé la Françafrique, qui ne se réduit pas —loin s’en faut— aux valises. L’affaire des BMA raconte cette proximité, cette intimité même, dont certaines facettes ne sont guère reluisantes. Ce n’est pas par hasard si certains dirigeants africains ont «investi» en France, leur seconde patrie en quelque sorte. De même, ce n’est pas le fruit du hasard si c’est en France que des ONG sont passées à l’offensive contre ces dérives. A tort ou à raison, certains militants se sentent une responsabilité particulière envers ces pays du fait des liens qui existent avec eux.

Propos recueillis par Pierre Cherruau

 

Partager cet article
Repost0
27 décembre 2011 2 27 /12 /décembre /2011 08:08

 

 

 

Je ne veux pas que ma maison soit murée de toutes parts, ni mes fenêtres bouchées, mais qu'y circule librement la brise que m'apportent les cultures

de tous les pays.

 

299431532 e7f77ff057

 Gandhi

 

 


FB 

Partager cet article
Repost0
26 décembre 2011 1 26 /12 /décembre /2011 09:03

 

 

 

 

aimons le monde

photo internet

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0