C’est devenu une habitude maintenant quand je pars ou quand je rentre de mission, je passe quelques jours dans la maison mère des Pères spiritains, rue Lhomond à Paris dans le 5ème arrondissement vers la rue Mouffetard.
Grande bâtisse austère et noble je connais bien maintenant la lourde porte en bois qui ouvre sur le hall d’entrée avec au mur, toujours le même planisphère et ses punaises de couleur qui indiquent les pays du monde où se trouvent les missionnaires de la congrégation. Je ne me suis jamais amusé à les compter, peu importe, elles couvrent presque la terre entière.
Au retour, ce sera le cas cette nuit, j’ai besoin de cet espace-temps là pour reprendre mes esprits avant d’affronter la tourmente parisienne, ses précipitations, ses agitations, nos indifférences aux misères du monde.
Les longs couloirs froids me sont une étape indispensable, le trait d’union entre la terre d’Afrique et le sol Français avant d’essayer de reprendre un cours de vie à la française.
Il est difficile de partir, il est difficile de rentrer : on laisse toujours une partie de soi même dans un pays de mission et quelques repas pris avec des Spiritains qui ont vécus longtemps en Afrique, quelques prêtres ou évêques africains de passage me sont salutaires.
L’absence au long cours implique le retour au long cours, c'est-à-dire qu’il faut du temps pour se réadapter au mode de vie occidental, à ses codes, à ses exigences. Les nuits de la rue Lhomond procèdent de ce temps là.