Il fait déjà tiède et lourd ce matin – il est 8 h – quand le taxi me dépose place de l’Indépendance. Toute la nuit a été secouée de violentes averses qui ne rafraîchissent l’atmosphère que peu de temps et font de la ville une étuve brumeuse et moite sous une lumière brillante, éteinte, lumineuse. La circulation est déjà dense.
Bordée d’immeubles de bureaux, banques, compagnies aériennes, immeubles de rapport de peu d’intérêt architectural, la place de l’Indépendance est un peu le poumon de la ville historique, ce que l’on nomme « le plateau ». On peut malgré tout repérer dans cet alignement qui délimite la vaste esplanade peu ombragée, deux anciennes bâtisses datant de l’époque coloniale : l’ancien Palais de justice devenu le Ministère des Affaires Etrangères et la Chambre de Commerce autrefois le siège du port de commerce.
(On pourra relire l'article publié il y a environ un an sur l'architecture coloniale à Saint-Louis, à cette adresse: http://dominique.baumont.over-blog.com/article-35147343.html).
Sachant d’expérience qu’il est hasardeux de prendre en photo les bâtiments officiels sous peine de se voir, au mieux, confisquer son appareil, d’avoir à s’expliquer pendant quelque temps dans un commissariat, voire d’être expulsé avant un séjour dans les geôles sénégalaises, je me suis abstenu pour ces deux là, mais également pour la mairie, à un jet de pierre en descendant vers l’embarcadère qui mène à Gorée, et à plus forte raison pour le palais présidentiel. Je n’ai d’ailleurs fait en cela que suivre les avertissements du MAE français.
Avertissement du MAE français:
Prise de photos et films. Il est interdit de photographier et de filmer les sites et bâtiments officiels (aéroports, casernes, présidence, ministères, etc...) Il est recommandé de ne pas photographier ni filmer des situations qui peuvent gêner les populations (pauvreté, par exemple).
Avertissement lié à la procédure d’expulsion. Tout ressortissant en situation irrégulière ou s’étant rendu coupable d’actes interdits par la législation est passible d’une mesure d’expulsion précédée d’une mise en détention dont la durée peut être variable.
l'ancien Palais de Justice, actuel ministère des affaires étrangères - Place de l'Indépendance
actuelle Chambre de Commerce et d'Industrie
hôtel de ville de Dakar, hier et aujourd'hui
Le Palais Présidentiel, bref rappel historique.
" La construction du Palais dans son premier état fut ordonnée en 1902 par Gaston Doumergue, Ministre des Colonies, pour loger dans la capitale le gouverneur de l’Afrique occidentale française (AOF) qui résidait alors dans l’île de Gorée.
Le Palais du Gouvernement général (vers 1920)
Après cinq années de travaux, ce bâtiment de facture néo-classique surmonté d’une tour inspirée du Trocadéro de Paris, fut inauguré le 28 juin 1907 comme Palais du Gouvernement général.
Le premier gouverneur à y demeurer fut Ernest Roume, qui eut à transférer le siège du Gouvernement général de l’AOF de Saint-Louis à Dakar et à mettre en place les structures administratives centrales de ce vaste ensemble territorial.
Les gouverneurs s’y sont succédé jusqu’au dernier d’entre eux, Pierre Messmer (1958-1959). L’évolution du style engendra une série de réfections qui conférèrent au Palais sa forme actuelle, aux lignes sobres et monumentales.
Depuis l’indépendance du Sénégal, le Palais de la République est la résidence du chef de l’État, et fut occupé à ce titre par les Présidents Léopold Sédar Senghor (1960-1980), Abdou Diouf (1980-2000) et Abdoulaye Wade depuis 2000."
le Palais Présidentiel aujourd'hui