La Casamance est une des régions du Sénégal. Malgré cela, tout en restant dans le même pays, en prenant le bateau au port à Dakar les procédures d’embarquement sont les mêmes que lorsque l’on prend l’avion pour un pays étranger : passage des voyageurs et des bagages sous un portail électronique, interdiction d’avoir dans son bagage à mains tout objet coupant ou toute modeste bouteille d’eau, etc… Il en est de même pour le trajet Ziguinchor-Dakar.
Il y a des explications à cela.
Depuis 1980 date à laquelle Léopold Sedar Senghor cède le pouvoir à Abdou Diouf il règne en Casamance un climat d’insécurité, d’instabilité, de rébellion.
Il y a toujours eu dans cette région une volonté d’autonomie, voire d’indépendance. Les Diolas, l’ethnie majoritaire n’ont jamais admis la tutelle de qui que ce soit, du colonisateur portuguais d’abord, français ensuite ou du pouvoir central.
Hors Senghor quand il était Président, conscient de cette aspiration là, a plus ou moins laissé entendre que la Casamance pourrait un jour accéder à l’indépendance suscitant de vifs espoirs, espoirs cependant étouffés dans l’œuf par son successeur Abdou Diouf qui ne l’entendait pas dutout de cette oreille.
Le 26 décembre 1982 la répression d’une marche de manifestants qui réclamaient l’indépendance fait entrer la Casamance en état d’insurrection et reste depuis cette date l’otage d’une situation de « ni guerre ni paix ».
Comme toujours dans ces cas là c’est la population civile qui souffre le plus, mais également les touristes de passage. On se souviendra probablement de l’enlévement de ces couples de français en 1995 dont nous sommes sans nouvelles depuis quinze ans.
Voici à ce propos un extrait de la lettre envoyée par les deux familles aux Présidents Sénégalais et Français le 29 mai 2010, un peu avant les 25 ème sommet France- Afrique.
Catherine et Claude Cave, Martine et Jean-Paul Gagnaire, deux couples originaires de Saint-Etienne, ont disparu le 6 avril 1995 alors qu'ils circulaient le long de la forêt de Basse-Casamance sur une route reliant Ziguinchor à la station balnéaire de Cap Skirring. L'armée sénégalaise et les rebelles du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC, indépendantiste) se rejettent mutuellement la responsabilité de ces disparitions. Seul le 4X4 à bord duquel les quatre Stéphanois circulaient a été retrouvé. «
Pendant ces 15 années, les familles et leurs amis ont multiplié les démarches pour connaître la vérité et pour que les leurs leur soient rendus. A ce jour, elles n'ont obtenu que compassion et promesses tombées dans l'oubli", déplore le courrier. Les familles des disparus ont déjà interpellé Paris et Dakar à plusieurs reprises dans le passé.
Interpellation restée à ce jour sans effet....